PAYS DE COCAGNE
Cycle de projections SUMMER CAMP / Films de saison / au Minikino de Monoquini. Session n°5.

PAYS DE COCAGNE
Pierre Étaix
France / 1971 / 16 mm > num / couleur / 1h16
Une sorte de Mondo-Movie made in France profonde qui dépeint sans fard le tourisme dans son expression la plus populaire pour ne pas dire grégaire, à la manière d’un Martin Parr. Un film à suggérer à Rachida Dati dans le cadre de l’Opération Camping-Culture sous la tente. Oui, la ministre qui tique et sort son revolver quand elle entend le mot « culture ».
Pays de Cocagne est une rupture absolue avec le cinéma narratif d’Étaix, acteur burlesque héritier de Jacques Tati. Résultat de deux années de montage à partir d’un matériel abondant, ce documentaire se présente comme une expérience sociologique. Au cours de l’été 1968, Étaix s’est rendu dans des lieux de vacances ruraux, filmant des carnavals, des festivals et autres rituels bizarres de vacanciers désœuvrés et interviewant les personnes qu’il rencontrait sur différents sujets pertinents pour l’époque. Ces sujets vont de l’érotisme à la publicité, en passant par l’homme sur la lune et la famine.
La technique d’agit-prop utilisée par Étaix pour Pays de Cocagne est tout à fait dans l’air du temps. Sa tactique du collage fricote avec les discours musclés de Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin. Film de son temps donc, il en porte les stigmates un peu datés mais un certain nombre de sujets sont toujours d’actualité, et les images de Français moyens en vacances offrent l’instantané curieux d’une époque et d’attitudes qui, autrement, n’auraient sans doute pas été préservées.