LA PLANÈTE SAUVAGE
Projection en 16 mm du dessin animé de René Laloux & Roland Topor

LA PLANÈTE SAUVAGE
Dessin animé de René Laloux & Roland Topor
France-Tchécoslovaquie / 1973 / couleur / 1h12
Scénario et dialogues de René Laloux et Roland Topor d’après le roman de Stefan Wul, Oms en série.
Musique : Alain Goraguer
Paysages sonores : Jean Guérin
Les Draags sont des androïdes de 36 pieds de haut, à peau bleue, aux yeux rouges, aux oreilles haubanées, pour lesquels un jour, sur la planète Ygasar, qu’ils habitent, correspond à quarante-cinq des nôtres. La technologie est si avancée quelle leur permet de s’adonner exclusivement aux loisirs et à la méditation.
D’un monde lointain et dévasté, ces géants ont ramené quelques couples d’attachants homoncules, les Oms, qu’ils éduquent avec condescendance, grâce aux « écouteurs d’instruction », par imprégnation directe du cerveau. Tout se gâtera lorsque, ayant atteint ses 15 ans, Teer, le bébé Oms, choyé par la fille du Grand Edile, se lassera de cette existence d’animal domestique sophistiqué et rejoindra les hordes sauvages d’autres Oms en révolte en emportant les miraculeux écouteurs.
Les expéditions punitives des Draags, à coups de rayon pétrifiant, de grue manducatrice et de mortier tous azimuts, marqueront le début d’une aveugle et sanglante « désomisation ». Sous l’énorme pied bleu des Draags, on verra les infimes silhouettes des Oms en panique écrasées comme des fourmis par groupes entiers. Episode le plus innocent d’une extermination quasi totale par le fer et par le feu. A bord de fusées interplanétaires fébrilement réparées, les survivants pourront en définitive gagner la Planète sauvage.
Sur ce scénario librement inspiré d’un livre de Stefan Wul (dentiste, à Evreux, et lauréat, en 1956, du Grand Prix du roman de science-fiction), Roland Topor et René Laloux ont fabriqué une petite merveille de long métrage en dessin animé (une heure douze minutes), qu’on a eu bien raison de primer à Cannes. Cette coproduction franco-tchécoslovaque pousse plus loin l’ambition. Les idées graphiques de Topor en poche, Laloux est parti pour Prague, où il a travaillé pendant quatre ans à cette fable futuriste en même temps qu’aventure surréaliste conçue pour « s’adresser à tous les publics », peuplée de visions à la Bosch et Chirico, où l’on croise les influences de Magritte et Tanguy.
Il en résulte un long métrage d’animation riche de significations, ouvrant la voie à de multiples interprétations, pour peu que l’on dépasse l’état d’envoutement contemplatif où nous plonge l’étonnante beauté des images, des couleurs et des sons.