Projection : PORTRAIT D'UN ASSASSIN
Un grand film d'après-guerre avec un casting stupéfiant !

DIMANCHE 7 SEPTEMBRE — 20 h 30
CLUB16 : le ciné-club en projection 16 mm
Participation : 5€
Dernier hommage à Maria Montez
(6 juin 1912 — 7 septembre 1951)
1ère partie :
LA MORT EST PEUT-ÊTRE POUR CE SOIR
Docu-fiction français des années 40 sur le « mur de la mort » pratiqué par des cascadeurs à moto dans les fêtes foraines. Ici c’est une femme qui se lance à pleine vitesse dans le silodrome (15 min.)
Le Grand Film !
PORTRAIT D’UN ASSASSIN
Bernard Roland
France / 1949 / n&b / 1h40
Scénario : Marcel Rivet et Henri Decoin.
Avec Maria Montez, Erich von Stroheim, Pierre Brasseur, Arletty, Marcel Dalio, Jules Berry, les Fratellini.
Grand Prix d’Art Français, 1949 (précurseur du Grand Prix du festival de Cannes)
Fabius, cascadeur itinérant du « mur de la mort », rencontre Christina de Rinck, célèbre imprésaria réputée pour les spectacles à couper le souffle qu’elle produit. Elle convainc Fabius de réaliser un double looping en voiture, un tour alors inédit. Mais Eric, un ancien trapéziste et ex-amant de Christina, lourdement handicapé suite à un numéro fatal, tente de le prévenir qu’il n’est qu’une des futures victimes de la belle et cruelle entrepreneuse, mante religieuse avide de sensations fortes.
Faisant suite à "Hans le Marin", "Portrait d’un assassin" est le second film français de Maria Montez après son exil d’Hollywood en compagnie de son mari Jean-Pierre Aumont et de sa fille Tina. Orson Welles, lui même retiré en Europe après l’échec de "La Dame de Shanghai" et de "Macbeth", avait co-écrit le scénario et devait le mettre en scène tout en y interprétant le rôle de Fabius. Mais le producteur Jacques Gauthier mit un terme à leur collaboration, et le film alla rejoindre la longue liste des projets inaboutis pour Welles. Ce dernier, interrogé par Peter Bogdanovich pour le livre This is Orson Welles, se lamentait de cet échec car il soulignait que le film était doté d’un casting formidable, ne cachant pas qu’il était un admirateur de Maria Montez. En effet, après son rôle de prostituée dans "Hans le Marin", Maria se détachait de ses rôles de princesses exotiques qu’elle interprétait dans la flopée de "Neverland Movies" pour Universal, et révélait un potentiel dramatique certain. De toute évidence, c’était les réalisateurs européens qui avaient le mieux compris que l’ex-star hollywoodienne pouvait incarner autre chose qu’une belle plante sous ses sept voiles en Technicolor. Le noir et blanc lui conférait une personnalité plus inquiétante. Dans "L’Atlantide" ("Siren of Atlantis", 1949), elle était cette reine d’un monde oublié au milieu du désert, se délectant de sa collection d’amants pétrifiés. Dans "Portrait d’un assassin", elle est une femme du grand monde qui s’amuse des hommes puissants et aventureux qu’elle séduit, pour mieux les détruire. Agressive, passionnée, sexuellement active, elle rend les hommes fous. On regrette que sa carrière se soit achevée si abruptement après les quelques films italiens qui ont suivi, car très certainement sa malheureuse réputation américaine de "pire actrice" se serait effacée dans le noir et blanc des productions européennes d’après-guerre.
Si on complète la distribution avec Pierre Brasseur dans le rôle de Fabius, Arletty dans celui de sa femme Martha (son premier rôle après 18 mois de mise à l’écart pour "collaboration horizontale" avec un officier de la Luftwaffe), Marcel Dalio de retour en France après avoir été croupier dans Casablanca de Michael Curtiz et bien sûr Eric von Stroheim dans la peau d’un homme fracassé et engoncé dans ses multiples prothèses, on obtient un film étonnant à plus d’un titre, poursuivant la tradition du réalisme poétique d’avant-guerre.