Projection : L'ÉTÉ, un film de Marcel Hanoun (1968)

Bordeaux

Après les événements de mai 1968, une jeune femme se réfugie à la campagne, dans une maison où elle attend son compagnon.

Projection : L'ÉTÉ, un film de Marcel Hanoun (1968)
Marcel Hanoun

L’ÉTÉ

Marcel Hanoun

France / 1968 / n&b / 1h04
Avec Graziella Buci, Pierre-Henri Deleau.

L’été est le premier film d’une série intitulée Les quatre saisons, avec L’hiver et Le printemps, tournés tous deux en 1970, et L’automne (1972).

Film musical (la bande son réunit Monteverdi, Couperin, Bach, Vivaldi, Litsz…), montage-partition avec ses codas, ses refrains, ses rimes, L’été est un film mélancolique qui fait le portrait de Graziella, successivement repliée dans la nostalgie de mai, ponctuée de citations philosophiques et poétiques, et se prélassant dans une légèreté bucolique. « Jeune femme rouge toujours plus belle », ce poème spontanément inscrit sur un mur de Paris, semble s’adresser à elle. Mais aussi cette ligne fameuse de René Char : « La lucidité est la blessure la plus proche du soleil ». Entre une lecture du Michael Kohlhaas d’Heinrich von Kleist, cette histoire tragique d’un homme épris de justice mais seul face à la société, et des citations de L’homme unidimensionnel d’Herbert Marcuse, le penseur de la contre-culture, on trouve une critique de la ville, « mal économiquement nécessaire que l’on fuit à la moindre occasion », telle qu’énoncée par les architectes Alicia et Hieronim Listowski dans le sillage des événements de Mai pendant qu’à la radio, l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques a commencé. Les mots d’Artaud, Saint-Just, Spinoza s’égrainent dans la tentative de la jeune femme de restituer par l’écriture l’utopie de la révolution qui, l’été venu, s’effiloche.
Un sursaut burlesque, une joie simple, viennent par instants rappeler que néanmoins, la vie continue.