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Pour la place Adolphe Buscaillet située dans le quartier de Bacalan à Bordeaux, Clémence van Lunen a conçu des œuvres en céramique contemporaine faisant référence à l'histoire de la faïencerie Vieillard dans cette zone de la ville.
Clémence van Lunen a réalisé deux sculptures-fontaines afin de permettre de nouveau à l’eau de ruisseler, rebondir, gicler, déborder, clapoter, gazouiller, scintiller, briller mais aussi désaltérer.
Une grande fontaine et une fontaine à boire.
La grande fontaine centrale se compose d’une très grosse cruche et d’un empilement improbable et volontairement instable de socles, vases et fleurs en grès partiellement émaillés de couleurs bonbon.
Un peu plus loin, la fontaine à boire se présente telle une fleur tenant une vasque dans sa tête, également en grès émaillé. Elle distribue de l’eau potable aux enfants par la bouche d’un singe niché en son socle.
L’artiste a réutilisé et détourné les codes et thèmes de nombreuses fontaines classiques (notamment celle des Trois Grâces de la place de la Bourse à Bordeaux) comme le vase jaillissant, la végétation luxuriante, la gueule d’animal ou encore la notion de mouvement amenée par une composition triangulaire. Avec une explosion maitrisée de couleurs enfantines, elle a tenté de façon ludique, comme elle le dit : « d’apporter de la joie place Buscaillet et d’en faire un petit paradis qui ne peut se concevoir sans eau, sans fleurs et pas non plus sans une pointe d’humour ».
La production des fontaines s’est déroulée au cours de l'été 2017 dans les ateliers EKWC aux Pays-Bas, spécialistes internationaux en cuisson de céramiques monumentales. Le chantier d’implantation des œuvres sur site s’est déployé tout au long du 1er semestre 2018, en même temps que le réaménagement de la place.
L’œuvre a été inaugurée le 13 septembre 2018, et accompagnée par l’exposition Aux sources des fontaines de Bacalan - Clémence van Lunen au Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux.
Née en 1959 à Bruxelles, Clémence van Lunen se forme notamment à l'École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.
Après différentes résidences en Espagne (à la Casa Velázquez, de 1991 à 1993), sa pratique de sculpteur s’est orientée peu à peu vers le matériau céramique en raison de la fantaisie et de la liberté qu’il permet. Elle a pu confirmer cet intérêt au cours de séjours à Jingdezhen (Chine), aux Rairies Montrieux (France), à la Manufacture de Sèvres et au centre EKWC (Pays-Bas).
Dans sa démarche artistique de céramique-sculpture, elle assume totalement la confrontation à l’espace, notamment avec des œuvres monumentales. Elle imagine des formes qui frisent l’instable, joue avec l’équilibre et le déséquilibre. Cette recherche esthétique qui vise à rendre ses œuvres vivantes l’amène à relever fréquemment de véritables défis techniques. Comme l’artisan, Clémence van Lunen intervient à chaque étape du travail sur l’œuvre. La pratique du modelage fait pour elle un lien direct entre la main et le cerveau, dont le résultat est souvent du ressort de l’inconscient. Son travail sur les émaux sort également des codes traditionnels de la sculpture : l’artiste ne souhaite pas que la couleur concurrence la forme, elle en limite l’emprise, la dispense par touche, fait craqueler les glaçures afin de laisser voir au spectateur la beauté du matériau originel.
Souvent qualifiées d’impertinentes à cause du vocabulaire qu’elles bousculent et réinventent, les œuvres de Clémence van Lunen sont des concentrés de vitalité dans lesquels le jeu et l’humour tiennent un rôle important.